Claire Ferchaud, fille de paysans, née aux Rinfillières au cœur de l’ancienne « Vendée militaire »le 5 mai 1896, est baptisée le jour même de sa naissance.
Dès son enfance, l’Enfant Jésus l’accompagne au quotidien et devient son compagnon pendant de nombreuses années. Il la forme, l’éduque, la reprend et l’aide à se forger une âme forte, entièrement dévouée au Sacré-Cœur.
L’Enfant se présentait à elle si simplement, que longtemps, elle ne savait pas être privilégiée et pensait que tous les enfants vivaient la même chose.
« Le plus lointain souvenir qui me reste toujours aussi vivant à l’esprit est celui-ci : étant encore au berceau, bien avant de prononcer un seul mot, donc bien avant l’éveil de la raison, je me souviens de la présence continuelle d’un Enfant, d’une merveilleuse beauté, qui se tenait près de mon berceau, était-ce mon bon ange ? Ou simplement un enfant de la famille ? Plus tard, je reconnaîtrai dans les mêmes traits le doux et aimable Enfant Jésus.
Mais, à deux ans et au-dessous de cet âge, il me suffisait de Le voir pour être sage et contente sans penser que ce pût être un Être Surnaturel, j’étais imbibée dans cette présence bien avant d’en avoir la connaissance, ainsi cet état m’était tout naturel, c’est pourquoi longtemps je ne songerai pas à dire merci à mon Jésus chéri. »
Texte extrait de Claire Fechaud, tomes 1 et 2 aux éditions Téqui
Originaire du Puy Saint-Bonnet (49), Claire va à l’école de Loublande (79) jusqu’à l’âge de 12ans juste après sa Première Communion. Elle doit ensuite s'occuper des moutons de ses parents dans son hameau natal des Rinfillières.
Maison d'enfance de Claire Ferchaud
La vocation de Claire Ferchaud commence avec la guerre de 14-18. En 1916, alors que la Première Guerre mondiale fait rage, Claire fait une retraite à Saint Laurent sur Sèvre, chez les Sœurs de la Sagesse, et sa mission se précise : celle de rappeler à la France sa vocation divine en demandant l’apposition de l’emblème du Sacré-Cœur sur le drapeau tricolore ; la France, fille ainée de l'Eglise a renié sa foi, à l’Evangile, elle a substitué les lois laïques.
« Pour frapper mes sens et me faire mieux comprendre la culpabilité de la France, Jésus prend l’image suivante: Son Cœur est percé, non plus seulement par la blessure traditionnelle, avec laquelle on a coutume de Le représenter mais avec de multiples coups de canif, et au milieu, une large blessure semble séparer le cœur en deux d’où le sang coule à flots.
Cette plaie, m’explique le Sauveur, signifie l’athéisme officiel de la France; les hordes maçonniques ont lacéré son titre de chrétienne. L’invitation du Maitre est pressante ; il faut rappeler à la France son désir : peindre, broder ou graver dans les plis de son drapeau Son Cœur Sacré.
Si le premier geste du Missionnaire est de planter la Croix sur la terre païenne qu’il foule pour la première fois, de même, le Signe Sacré sur l’étendard de la France sera l’acte de foi qui percera la voûte du Ciel pour une nouvelle Pentecôte sur la France. (...)
Le péché, sous ses multiples aspects d’outrages envers la Majesté divine, est disséqué devant mes yeux. C’est le déroulement de toutes les misères humaines et Jésus dira particulièrement sa tristesse sur le Prêtre qui descend de la médiocrité à l’infidélité.
Jésus n’a pas de peine à émouvoir mon cœur : le péché, de tout temps, n’est-il pas ma terreur ? Le jardin est donc préparé pour recevoir la semence.
L’âme d’une œuvre prend forme, sans encore être au point, elle se révèle syllabe par syllabe et chaque mot se grave dans mon esprit pour toujours. L’Eglise et la France s’incarnent plus profondément en mon âme. »
Citation extrait de Claire Fechaud, tomes 1 et 2 aux éditions Téqui
Chapelle ND de la Garde aux Rinfillières édifiée
par les grands-parents de Claire en 1862.
à Noel 1917 avec la bénédiction de l’Evêque de Poitiers, Claire Ferchaud fonde une communauté de « Vierges expiatrices » regroupant cinq religieuses à Loublande. Elle l’intègre elle-même en prenant le nom de « Sœur Claire de Jésus Crucifié ».
Pour cette fondation, elle reçoit le soutien de Monseigneur Humbrecht évêque de Poitiers, qui vient inaugurer et bénir la chapelle de son couvent le 12 juin 1918. Sur la porte d’entrée une statue de Saint Michel qui veille et se fait le protecteur de cette maison.
De nos jours, un va et vient continu de Prêtres et de Pèlerins viennent prier sur ses lieux.
Couvent de soeur Claire
Prière au Sacré-Cœur
d'après Claire Ferchaud
O Cœur de Jésus, broyé à cause de nos péchés,
Cœur attristé et martyrisé par tant de crimes et de fautes,
Cœur, victime de toutes les iniquités,
Je Vous aime de toute mon âme et par-dessus toutes choses,
Je Vous aime pour ceux qui Vous méprisent et Vous délaissent,
Je Vous aime pour ceux qui Vous outragent et Vous empêchent de régner,
Je Vous aime pour ceux qui Vous abandonnent seul dans la Sainte Eucharistie,
Je Vous aime pour les âmes ingrates qui osent profaner votre Sacrement d'Amour par leurs insultes et leurs sacrilèges.
Cœur de Jésus, pardonnez aux pécheurs : ils ne savent pas ce qu'ils font !
Cœur de Jésus, soutenez tous ceux qui propagent votre saint Nom !
Cœur de Jésus, soutenez tous ceux qui souffrent et qui luttent !
Cœur de Jésus, faites que la société s'inspire en tout de votre Saint Evangile, seule sauvegarde de la justice et de la paix !
Cœur de Jésus, que les familles et les nations proclament vos droits !
Cœur de Jésus, régnez sur ma patrie !
Cœur de Jésus, que votre règne arrive par le Cœur Immaculé de Marie !
Cette prière a reçu l'Imprimatur de Mgr Charles, évêque de Verdun, et suite à la demande du cardinal Lépicier, la bénédiction et l'approbation de Pie XI le 26 avril 1930
"A Madame Maman du Ciel, Vierge Toute-Blanche.
Maman Toute bonne ! si donc tu es toute bonne, il ne reste plus rien de Toi, pour la rigueur, regarde...et prends pitié de ma détresse. Puisque Tu es Toute Bonne, oublie mes péchés et laisse déborder de ton sein, ton puissant secours. regarde, Maman regarde mon isolement, je n'ai personne qui puisse prendre ma cause et faire valoir la justice envers moi. Je suis livrée, non pas à des créatures humaines car si elles se rendaient compte des procédés employés par elles pour me crucifier, elles ne voudraient pas être si cruelles...mais je suis l'être faible...cet agneau tremblant devant les loups d'enfer. Dresse Toi ô Mère et arrête l'enfer... désarme les démons, libère ta petite agnelle... laisse la quelques temps jouir de sa liberté pour bondir de vie dans l'Eglise. Maman... Toi qui a donné la " Vie" au monde par le don de ton Jésus, aies pitié de celle qui a reçu un don de vie aussi et ne peut le produire... Prends pitié de ceux qui sont dans le réseau de ma souffrance. Bénis la patience et la foi de ceux qui attendent... Maman ! Maman ! si Tu le veux... oui, si Tu demandes à Dieu, Il t'écoutera ô fille du père... Il te donnera, ô Epouse de l'Esprit Saint, Il te comblera, ô Mère du Bel Agneau.
Maman, écoute la douceur de ton nom en me délivrant... Maman ! Fais moi vivre dans l'Eglise, Maman parle pour moi au Pape !
Maman aux bras toujours ouverts, dans ma détresse je me jette sur ton coeur... replis tes bras sur moi et sauve... oh ! Sauve-moi."
Claire 7-8 déc. 1940 -
La mission de Claire Ferchaud est à découvrir à la lumière de l'Evangile : Elle va suivre le Christ en obéissance totale à l'Eglise.
A l'image du Sauveur, son œuvre connaitra un immense rayonnement et elle-même connaitra l'épreuve de la méfiance de certains. Claire suivra les autorités dans Eglise qui à certains moments n'accorderont pas de crédit à ce qu'elle reçoit du Christ.
SA MISSION POUR LA FRANCE :
Le 1 janvier 1917, Claire transmet une lettre au Président Raymond Poincaré avec des demandes pour sauver la France par la dévotion au Sacré Cœur. Après l'envoi d'une deuxième lettre le 16 janvier, elle est reçue en audience par le président le 21 mars 1917, elle s'y rendra après une nuit d'adoration quelques jours plus tôt à la Basilique du Sacré-Cœur à Montmartre.
Au cours d'un entretien de 20 minutes, la jeune paysanne demande la conversion personnelle du Président et l'apposition du Sacré-Cœur sur le drapeau national. Le Président se montre courtois, Claire donnera des preuves évidentes et bouleversantes à Poincaré sur l’authenticité de sa mission. Cependant il ne fera rien.
Le 7 mai suivant, Claire écrit à 15 généraux français (dont Foch, Lyautey…) pour renouveler sa demande qui sera rejeté pour des motifs administratifs.
Le fanion du Sacré-Cœur, reproduit à des millions d’exemplaires, est néanmoins porté en privé par de très nombreux soldats, et le Maréchal Foch consacre lors d'une cérémonie privée les armées françaises et alliées au Sacré-Cœur le 16 juillet 1918. Les fidèles de Claire Ferchaud feront remarquer que c’est lui qui remporta la victoire finale quelques mois plus tard.
La nouvelle des apparitions et de la mission de Claire se répand et des caravanes commencent à arriver à Loublande pour la Messe, où des foules se rassembleront pendant les deux ans suivants.
MISSIOIN D'EXPIATION :
Devant cet échec, Jésus va demander une réparation par une substitution :
Le Drapeau qui eut été sanctifié sera symboliquement représenté devant Dieu par des Ames Expiatrices dont le caractère distinctif sera de vivre spirituellement ce « Cœur de Jésus broyé par les péchés des hommes, par les fautes de la France ». C’est ainsi qu’à Noel 1917 avec la bénédiction de Monseigneur Humbrecht commençait l’œuvre d’expiation pour préparer les assises de la Messe Perpétuelle.
MISSION POUR LA MESSE PERPETUELLE :
La confidence du projet de la messe perpétuelle à Loublande fut faite par Claire en 1922 au Père Lémius, ex-provincial des OMI (Oblats de Marie Immaculée).
La brusquerie de sa réponse coupe net :
"Vous n’y pensez pas ! Jamais l’Eglise n’acceptera une chose pareille !"
En 1935, Claire fait remarquer :
"- Vous me disiez que jamais l’Eglise n’accepterait. Voyez Lourdes !
- C’est vrai, répondit le père Lémius, c’est un pas de fait mais attendez.
- Attendre, toujours attendre et puis mourir. Quel feu dévastant la terre faudra-t-il pour que le linceul de mon Requiescat in pace se transforme en corporal d’autel ? "
En effet du 25 au 28 avril 1935 le Jubilé de la Rédemption est clôturé à Lourdes par un triduum de messes ininterrompues , sous la présidence du Cardinal Pacelli, légat du Pape Pie XI et futur Pie XII.
Dans cette merveilleuse initiative, née dans le cœur fervent d’un humble prêtre britannique n’ayant jamais eu aucun contact avec elle, Claire y verra toujours les prémices de la Messe Perpétuelle que d’aucuns jugeaient alors impensable :
« Le Triduum de Lourdes m’a remuée jusqu’au plus intime de l’être. Ces trois jours de messes consécutives n’étaient-ils pas l’image vivante de l’œuvre attendue ? Des prêtres tout occupés de Dieu, de satisfaire à sa Justice par la Messe Perpétuelle sur un Autel unique ; répondre au péché criant, hurlant sa haine : pardon, pardon, par le Sang divin.»
Le Triduum de messes successives à Lourdes enthousiasma le Pape Pie XI qui écrivit alors que Lourdes était devenu pendant ces trois jours le plus grand trône eucharistique du monde.
Pie XII devenu Pape se montrera très favorable à ce « Grand et beau projet » dira-t-il, mais Poitiers bloquera tout. Cependant en 1964, grâce au Cardinal Ottaviani et avec « l’assentiment joyeux de Paul VI » la Chapelle fermée en 1940 par Monseigneur Mesguen sera réouverte et deviendra Oratoire public. Actuellement les relations avec Poitiers se sont améliorées et Monseigneur Wintzer vient et célèbre à la Chapelle.
Depuis nous prions Notre Dame des Rinfillières pour obtenir la messe perpétuelle.
Claire Ferchaud, avant son voyage à Paris pour voir le Président de la République française, Raymond Poincaré (21 Mars 1917).
En arrière-plan : son père (à droite), et sur la gauche : l’Abbé Audebert. La sœur assise est la nièce de l’abbé.
5 mai 1896 : Naissance de Claire Ferchaud aux Rinfillières, (Deux-Sèvres), et Baptême, ce même jour, en l'Eglise du Puy-St-Bonnet, sa paroisse.
12 mai 1907 : Première Communion au puy-St-Bonnet.
28 avril 1910 : Confirmation à La Chapelle-Largeau.
6 au 20 novembre 1916 : Retraite à la Maison Montfort, à Saint-Laurent-sur-Sèvre.
28 décembre 1916 : Interrogatoire devant la Commission épiscopale, à Poitiers.
20 février 1917 : Départ des Rinfillières pour Paris.
21 février 1917 : Arrivée à Paris (117, avenue Victor-Hugo, chez les Filles de La Sagesse).
du 15 au 16 mars 1917 : Nuit d'Adoration à Montmartre.
21 mars 1917 : Audience du Président de la République, Raymond Poincaré.
24 mars 1917 : Retour à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Maison Mère de La Sagesse).
7 mai 1917 : Lettre aux Généraux.
Noël 1917 : arrivée des 5 premières compagnes de Claire au bourg de Loublande où Claire vient de s'installer.
12 juin 1918 : Bénédiction de la chapelle de la Maison de Sacré Cœur par Monseigneur Humbrecht, évêque de Poitiers, qui y célèbre la première messe. Depuis le Saint Sacrement y est toujours demeuré.
15 juillet 1918 : Arrivée de cinq nouvelles compagnes.
1er vendredi de septembre 1918 : Arrêt des manifestations religieuses extérieures.
Fin septembre 1918 : Mgr Humbrecht est nommé archevêque de Besançon.
Novembre 1918 : Monseigneur de Durfort est nommé évêque de Poitiers.
24 mars 1920 : Décret du St Office
18 novembre 1921 : Départ de M. le Curé Audebert l'abbé Girard est nommé curé de Loublande.
Janvier 1922 : Sa Sainteté Benoît XV mande Claire à Rome et fixe la date de l'audience. Mais le Pape meurt dans l'intervalle.
Mai 1925 : Voyage à Rome
2 décembre 1932 : Démission de Mgr de Durfort.
8 décembre 1933 : Nomination de Mgr Mesguen à l'Evêché de Poitiers.
20 septembre 1939 : Bénédiction de S.S. Pie XII, "acceptant l'holocauste de Claire pour l'Eglise, le Sacerdoce et le salut des âmes."
10 mai 1940 : Départ de M. le Curé Girard, remplacé par M. le Curé Marsault
29 octobre 1940 : Fermeture de la Chapelle au public aux prêtres, sauf toutefois aux Pères Montfortains.
8 septembre 1964 : Le Cardinal Ottaviani, Secrétaire du St Office, fait savoir à Claire que : "Le Calvaire de Loublande est terminé."
29 novembre 1964 : Réouverture officielle de la Chapelle, qui devient oratoire public.
29 janvier 1972 : Rappel à Dieu de Claire Ferchaud.